
Les Rencontres de l’Innovation de la Loire – 3 février 2021
Penser la relation école-famille dans l’intérêt des enfants et des jeunes rencontrant des difficultés scolaires
La relation entre l’école et les familles a été au centre des Rencontres de l’Innovation de la Loire, ce mercredi 3 février 2021. Organisé à distance, contexte sanitaire oblige, ce rendez-vous académique a permis de réfléchir à la problématique du partenariat entre l’institution scolaire et les parents.
Les 27 participants aux Rencontres Départementales de la Loire ont été amenés à réfléchir sur ce qu’ils attendaient du partenariat école – familles en tant que membre de la communauté éducative. Des outils interactifs, notamment la plateforme Wooclap, ont permis de mettre à jour la diversité des représentations de chacun et de suivre les réactions de l’auditoire.
Pour nourrir les débats, Jean-Christophe Béal, Inspecteur de l’Education Nationale premier degré en charge de l’innovation, a introduit les avancées de la recherche sur ce thème du partenariat entre l’école et les parents. Car les relations entre les parents et l’école souffrent d’un grand malentendu : les enseignants attendent des parents qu’ils soient des alliés lorsque tout va bien et un recours en cas de besoin. Les familles, quant à elles, ressentent une pression pour être des parents d’élèves parfaits, idéal jamais atteint.
Un extrait d’une conférence du sociologue Pierre Périer qui travaille sur ce thème a permis de lester les débats. C’est l’école, explique-t-il, qui invente cette notion de partenariat afin de réguler les relations avec les parents. L’enseignant-chercheur observe que plus l’établissement est dans un environnement difficile, plus ce partenariat est invoqué, tout comme la co-éducation.
Deux reportages tournés dans des écoles primaires de la Loire
Pierre Périer s’est ensuite efforcé de déconstruire cette notion du partenariat, notamment avec les familles les plus défavorisées. Car la norme du parent d’élève partenaire fabrique la figure du parent démissionnaire. Et de s’interroger : « l’école qui s’ouvre en direction des familles ne sert-elle finalement que les parents qui sont déjà les plus à l’aise avec l’institution ? »
Pas systématiquement, ont répondu les participants aux RDI de la Loire. Les deux initiatives locales mises en avant lors de cette journée ont montré que cet écueil pouvait être évité. Deux reportages, tournés dans les écoles primaires où se développent les projets innovants mis en avant cette année, ont été diffusés. A Saint-Etienne, dans le quartier de Montreynaud, l’école maternelle St Saens, classée REP+, tisse du lien avec les parents grâce à son projet « jeudi, on joue ». Une fois par semaine, de 8h à 9h15, des parents sont invités à venir jouer avec les enfants dans l’école. Christelle Gravier, la directrice, explique que depuis dix ans que ce projet existe, l’école envoie des invitations aux familles et les fait rentrer dans l’école. Les enfants adorent le dispositif et insistent pour que leurs parents viennent, et les relations se mettent en place avec l’équipe. L’intérêt de ce projet a été une nouvelle fois prouvé cette année car en raison du COVID-19, les « jeudi, on joue » n’ont pu se tenir… et la rentrée a été plus compliquée.
L’innovation pour faire face à la pandémie
A l’école élémentaire Chavanelle de St Etienne, c’est cette même pandémie du COVID-19 qui a déclenché l’innovation. Constatant au printemps 2020 que de nombreux parents n’avaient pas su communiquer avec l’école durant le premier confinement, un partenariat a été mis en place par l’école avec une association locale pour former les parents au numérique. Il a été renouvelé cette année pour la gestion des écrans à la maison , le projet étant de préparer l’entrée au collège des plus grands élèves… en formant les parents aux subtilités de l’ENT, a indiqué Sandrine Braz, sa directrice.
Les questions ont été nombreuses sur ces deux projets, les participants demandant notamment des conseils pour la mise en place de projets innovants. Christelle Gravier de « Jeudi, on joue » a été très claire : commencer petit pour grandir ensuite. « Il faut d’abord faire un état des lieux très précis et se fixer un ou deux objectifs, pas plus, sinon on se perd, a-t-elle expliqué. Une fois ces derniers atteints, on peut élargir le dispositif. » Sandrine Braz a quant à elle insisté sur l’aide que l’on peut trouver à l’extérieur, auprès de partenaires : « seuls, on perd beaucoup de temps et d’énergie », a-t-elle insisté, soulignant les compétences apportées par les membres de l’association qui sont intervenus dans son école pour les ateliers numériques. La question du financement est apparue sur le chat. Pour les deux directrices d’école témoignant cette année, ce point est certes important mais c’est la volonté de l’équipe pédagogique qui est avant tout à l’origine de leurs deux projets, . Les réactions sur le chat ont été nombreuses, soulignant notamment les difficultés à tisser un lien avec les parents dans le secondaire.
Quant au bilan de la journée, réalisé grâce à l’outil Wooclap, il souligne la richesse des expérimentations partagées. Certains ont regretté que la réflexion ait été circonscrite aux relations entre l’école et les familles les plus défavorisées. Le partenariat entre l’école et les familles aisées fonctionne-t-il si bien ? Un thème de réflexion pour une prochaine journée de l’innovation.