Séminaire Devoirs faits

Séminaire Devoirs faits


Lundi 28 janvier 2019, 9h, hall d’entrée de la Préfecture du Rhône : une dizaine d’élèves du lycée professionnel Jean Lurçat, accompagnés de leurs enseignants et d’ingénieurs du pôle DFIE accueillent et badgent les 230 participants qui affluent pour le séminaire « Devoirs faits ».
Repenser les modalités de formation, adosser les réflexions à la recherche, proposer des expérimentations, tels sont les objectifs de cette journée de travail impulsée par l’Inspecteur d’académie et DASEN du Rhône, Monsieur Guy Charlot. Organisé sous la forme d’un hackathon, ce séminaire dynamique se décline en différents ateliers éclairés par les points d’analyse de trois experts :
– Madame Brigitte Hazard IGEN en charge du dossier sur le travail personnel de l’élève,
– Monsieur Michel Fayol professeur émérite en psychologie du développement, spécialiste de l’acquisition de la lecture et de la numération,
– Madame Stéphanie Mazza, Professeur des universités LYON 1, ESPE, laboratoire de recherche HESPER.
Dès 9h30, Monsieur le Préfet ouvre ce séminaire en rappelant notamment que le dispositif Devoirs faits s’inscrit dans une volonté forte de réduire les inégalités entre les élèves. Madame Marilyne Remer, DASEN de l’Ain, venue représenter la Rectrice, donne l’axe principal de cette journée de travail : il faut envisager ce dispositif dans un cadre plus large, celui du travail personnel de l’élève.

A cette fin, 150 personnels de direction, accompagnés de 70 coordonnateurs du dispositifs Devoirs faits, ainsi qu’une quinzaine d’IA-IPR ont répondu présents pour questionner cette thématique. Répartis en groupe de travail de 10 personnes, ils produisent des ressources pour chacun des trois ateliers proposés, ressources qui sont déposées sur le parcours M@gistère, dédié au hackathon, disponible dans l’onglet Espaces collaboratifs.
En effet, afin de dynamiser les échanges et permettre une réelle mutualisation des productions de chaque table de travail, ce séminaire s’inscrit dans les principes de l’open innovation : à l’instar de l’open source en informatique, il s’agit là de mettre en partage les productions de chaque groupe en offrant une diffusion large sans restriction de « propriété intellectuelle ». Ainsi, chacun peut ensuite avoir accès à l’ensemble des productions, s’en inspirer, croiser les propositions…
Le premier atelier, introduit par Madame Terry IA-IPR d’Éducation musicale et chant choral, aborde la thématique « autonomie, engagement, confiance et motivation de l’élève ». Chaque participant est invité à s’exprimer sur cette thématique au travers de l’identification de mots clés. Inscrits sur des post-it puis discutés sur chaque table de travail, les mots clés recueillis permettent ensuite la création de trois nuages de mots distincts, identifiant respectivement les différents freins, leviers et questionnements liés à la thématique de l’atelier.

      Les leviers                                                               Les questionnements

Très court et dynamique, ce premier atelier se clôt par l’intervention des trois experts qui s’emparent immédiatement des nuages de mots générés et commentent les occurrences.
Des premières pistes sont abordées autour de l’organisation du dispositif, de la nécessité du lien entre ce qui se fait en classe et hors la classe mais aussi sur la question du sens à donner au terme « devoirs ». Polysémique, les intervenants soulignent qu’il convient de rappeler que ce mot convoque à la fois la notion de prolongement d’un champ disciplinaire mais aussi les procédures mises en œuvre pour réaliser ce travail.
Ce premier temps de travail achevé, Madame Petitjean, IA-IPR  SBSSA, lance le second temps d’atelier, tourné vers la question de l’évaluation du travail personnel de l’élève, à partir d’un micro-trottoir. Produit par le réseau Canopé, cette captation audio de témoignages d’élèves, d’enseignants, de parents d’élèves etc… s’articule autour des trois questions suivantes :

  • « Quel est votre meilleur souvenir d’une évaluation scolaire ? »
  • « Quel est votre moins bon souvenir d’une évaluation de votre travail scolaire ? »
  • « Quel serait le meilleur moyen pour évaluer le travail d’un élève ? »

 
Après un temps de concertation – au cours duquel émergent les notions d’explicitation des critères d’évaluation, d’estime de soi, de responsabilisation des enseignants autour d’une politique d’évaluation dans un établissement – et fort des pistes proposées dans le micro-trottoir, chaque table de travail dépose ensuite sur le parcours M@gistère ses réponses aux questions suivantes :
L’évaluation du travail personnel de l’élève : Pour qui ? Pourquoi ? Comment ? Quand ? Quoi ?

La matinée s’achève par l’intervention de Pierre-Marie Labriet, directeur territorial Auvergne Rhône-Alpes du réseau Canopé, partenaire de cette journée. Il souligne que le champ d’action du réseau s’est élargi au-delà de l’édition et de la diffusion de ressources pédagogiques transmédia. En effet, Canopé intègre désormais un dispositif d’accompagnement des équipes et/ou des établissements en faveur du développement d’un projet numérique.
Après la pause déjeuner, prise dans les somptueux locaux des salons de la Préfecture, une nouvelle répartition des participants par table s’impose : il est temps d’aborder le cœur du séminaire, à savoir le dispositif Devoirs faits. De nouveaux groupes de travail s’installent, en fonction d’une double entrée, le pilotage du dispositif d’une part pour les tables de personnels de direction et sa mise en œuvre opérationnelle et son animation d’autre part pour les tables de coordonnateurs du dispositif.
Par l’intermédiaire d’une capsule vidéo intitulée « De ‘‘Fais tes devoirs’’ à ‘‘devoirs faits’’ », Monsieur Jean-Charles Diry, IA-IPR d’Économie-gestion, CARDIE de Lyon et délégué adjoint au pôle DFIE, présente alors le dernier temps d’atelier de la journée : place à l’innovation.
Chaque table dispose de la synthèse d’un questionnaire préalablement envoyé aux chefs d’établissement sur le travail personnel de l’élève et le dispositif Devoirs Faits ainsi que d’un jeu de 10 cartes de couleurs. A l’aide de ces deux matériaux, les participants doivent produire, en 75 minutes, la carte mentale d’une innovation/expérimentation relative au dispositif Devoirs faits. Chaque carte propose une entrée à renseigner pour questionner le dispositif : outils, intervenants, modalités de prise en charge, lieux, …


Les cartes mentales produites sont photographiées puis déposées sur le parcours M@gistère. Une version sous format modifiable sera bientôt disponible afin que les équipes puissent s’en emparer et les exploiter.
15h – Les trois experts s’installent sur l’estrade après l’introduction du doyen Monsieur Étienne Maurau qui ouvre le dernier temps de cette journée.

Tout à tour, les intervenants reprennent des éléments évoqués dans les discussions de groupes au fil de la journée et apportent leur analyse.
Monsieur Michel Fayol commence par rappeler qu’il ne suffit pas d’observer pour apprendre et comprendre. Il faut aussi essayer, se tromper, revenir en arrière et opérer des ajustements de stratégie. Le travail personnel de l’élève est le centre des apprentissages (plus que les temps de cours, les temps d’exercices…). La recherche a démontré qu’il n’est pas possible, pour un élève de collège, de transposer des capacités d’un champ disciplinaire à un autre, même peu éloigné. Les habiletés sont difficilement transférables, particulièrement lors de l’entrée dans des contenus nouveaux.
Madame Stéphanie Mazza poursuit en précisant la notion d’introspection : l’élève doit faire preuve d’autocontrôle pour questionner la stratégie qu’il met en œuvre. « Est-ce la bonne stratégie ? dois-je aller en chercher une autre ou bien ajuster pour parvenir au résultat ? » Il est donc indispensable d’aider les élèves à construire des outils mentaux qui permettent de raisonner seuls. Les enseignants qui participent au dispositif sont les médiateurs de l’acquisition de l’autonomie.
Interrogée sur les facteurs favorisant l’engagement des élèves, elle indique que cela dépend fortement du sentiment de faisabilité. Il faut donc être vigilant au syndrome d’incompétence acquise ou d’illusion d’incompétence souvent à l’œuvre chez certains élèves plus faibles car cela diminue la motivation d’agir : voué à l’échec, on n’apprend plus
Un des éléments favorables selon elle : la curiosité, à savoir le décalage entre ce que l’on connaît et ce que l’on veut connaître. Parvenir à apprendre est déjà une satisfaction « le réseau de la récompense » est addictif. L’engagement est par ailleurs majoré par la valorisation.
Afin d’être complet, le dispositif devrait pouvoir proposer une pratique guidée avec un enseignant, une pratique coopérative avec les pairs et une pratique autonome.
En guise de conclusion de cette journée, Madame Brigitte Hazard rappelle que la dénomination même de « Devoirs faits » interroge : cela correspond-il à des devoirs finis ou bien seulement commencés ? Il s’agit plutôt de les commencer et surtout d’équiper les élèves pour qu’ils poursuivent leurs apprentissages en dehors de la présence des adultes. A cette fin, il est indispensable de mettre en place des alliances pédagogiques/des fiches de suivi et de penser aux outils numériques, à leur plus-value dans ce type d’accompagnement.

L’ensemble de la journée a été filmée par le réseau Canopé. Les interventions seront rapidement disponibles sur le parcours M@gistère dédié au séminaire mais aussi sur le site du pôle DFIE.

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